À la rencontre de son œuvre
Robert Barriot est né à Châteauroux (Indre) le 22 juillet 1898. À 18 ans, il est reçu aux Arts décoratifs. L’année suivante il entre aux Beaux-Arts dans l’atelier de Cormon, qu’il va rapidement quitter, préférant travailler seul. Installé à Montparnasse, il exercera jusqu’à 24 métiers d’art : création de décors pour le théâtre ou le music-hall, création de costumes pour le bal de la Horde et les ballets russes, couture, broderie et tapisserie avec Raymond Duncan, impression sur tissu pour Poiret et Lanvin, flaconnage pour Lalique et Rigaud, cartonnage de luxe, illustration… Il travaille également la peinture, le dessin, la faïence, la céramique, le grès, l’argile… Dans ce cadre, il fera une rencontre déterminante pour sa vie d’artiste en la personne du sculpteur Jean Baffier (1851-1920), d’une personnalité hors normes, qui va lui donner un conseil, un seul, mais d’importance : « l’art ne s’apprend pas à l’école et toute recherche est personnelle. » En suivant ce conseil à la lettre Robert Barriot expérimente des techniques et des matériaux différents, et il découvre les émaux à travers l’œuvre de Jean Carriès (1855-1894) qui, marqué par des œuvres japonaises vues à l’Exposition Universelle de Paris et encouragé par Paul Gauguin, s’intéresse au grès émaillé puis à la céramique émaillée.
Ainsi, quatre années lui seront nécessaires pour réinventer l’ancestrale technique des émailleurs médiévaux. Quatre longues années d’essais et de tâtonnements dans les domaines de la chimie et de l’oxydation, pour voir réapparaître les teintes oubliées du rouge et du bleu de cuivre. Dès lors, il apprend à maîtriser la chauffe des plaques de cuivre sur lesquelles il applique les différentes couches de ses mélanges. Il obtient des résultats dépendants du nombre de passage au four et surtout de la température de ce dernier. Ces opérations successives doivent être gérées de manière très précise afin d’obtenir la transparence des couches et le chromatisme recherché, c’est la science du feu qui est apprivoisée, qui est renouvelée…
D’autre part, il doit franchir un autre palier dans l’évolution de sa démarche artistique, qui est de travailler sur de grandes plaques de cuivre d’un seul tenant. Pour cela, il doit se familiariser à la dinanderie, profession quasiment oubliée de batteur de cuivre. Ainsi, chaque plaque de métal est repoussée, c’est-à-dire sculptée à l’envers, au burin et au chalumeau pour que le motif apparaisse en relief. Travail méticuleux et très précis, pour lequel il invente une méthode qui encore de nos jours n’a pas été reproduite. Sous les doigts habiles de l’artiste et les multiples touches des outils dont il a le secret, la matière se convulse, s’étire, se cabre, se galbe pour devenir forme humaine dont les arrondis et les courbes harmonieuses sont sa marque de fabrique, sa conception du « loyal travail » hérité des compagnons du Moyen-Âge. Ses travaux vont rapidement le faire remarquer dans un Paris où, au début du XXe siècle, on fait d’intéressantes rencontres.
Robert Barriot expose pour la première fois à la Société Nationale des Beaux-Arts et au Salon d’automne des artistes français, avec des critiques élogieuses. En 1925, il obtient la médaille d’argent à l’exposition internationale de Paris ; en 1926, la médaille d’or à l’exposition des Arts décoratifs de Madrid. Membre du groupement des artistes de la Société de Saint Jean, il est choisi lors de l’exposition coloniale de 1931 pour réaliser la façade en grès émaillé grand feu de l’église Notre Dame des Missions. Cet édifice sera transféré définitivement à Epinay-sur-Seine ; il est aujourd’hui classé par les Monuments historiques. En 1937, il reçoit la médaille d’or à l’Exposition internationale de Paris pour sa porte de l’Artisanat en aluminium orné d’écussons émaillés.
Ainsi, quatre années lui seront nécessaires pour réinventer l’ancestrale technique des émailleurs médiévaux. Quatre longues années d’essais et de tâtonnements dans les domaines de la chimie et de l’oxydation, pour voir réapparaître les teintes oubliées du rouge et du bleu de cuivre. Dès lors, il apprend à maîtriser la chauffe des plaques de cuivre sur lesquelles il applique les différentes couches de ses mélanges. Il obtient des résultats dépendants du nombre de passage au four et surtout de la température de ce dernier. Ces opérations successives doivent être gérées de manière très précise afin d’obtenir la transparence des couches et le chromatisme recherché, c’est la science du feu qui est apprivoisée, qui est renouvelée…
D’autre part, il doit franchir un autre palier dans l’évolution de sa démarche artistique, qui est de travailler sur de grandes plaques de cuivre d’un seul tenant. Pour cela, il doit se familiariser à la dinanderie, profession quasiment oubliée de batteur de cuivre. Ainsi, chaque plaque de métal est repoussée, c’est-à-dire sculptée à l’envers, au burin et au chalumeau pour que le motif apparaisse en relief. Travail méticuleux et très précis, pour lequel il invente une méthode qui encore de nos jours n’a pas été reproduite. Sous les doigts habiles de l’artiste et les multiples touches des outils dont il a le secret, la matière se convulse, s’étire, se cabre, se galbe pour devenir forme humaine dont les arrondis et les courbes harmonieuses sont sa marque de fabrique, sa conception du « loyal travail » hérité des compagnons du Moyen-Âge. Ses travaux vont rapidement le faire remarquer dans un Paris où, au début du XXe siècle, on fait d’intéressantes rencontres.
Robert Barriot expose pour la première fois à la Société Nationale des Beaux-Arts et au Salon d’automne des artistes français, avec des critiques élogieuses. En 1925, il obtient la médaille d’argent à l’exposition internationale de Paris ; en 1926, la médaille d’or à l’exposition des Arts décoratifs de Madrid. Membre du groupement des artistes de la Société de Saint Jean, il est choisi lors de l’exposition coloniale de 1931 pour réaliser la façade en grès émaillé grand feu de l’église Notre Dame des Missions. Cet édifice sera transféré définitivement à Epinay-sur-Seine ; il est aujourd’hui classé par les Monuments historiques. En 1937, il reçoit la médaille d’or à l’Exposition internationale de Paris pour sa porte de l’Artisanat en aluminium orné d’écussons émaillés.
Retable de l'église Sainte-Odile - Apocalypse selon saint Jean - cuivre repoussé émaillé (1938-1945) ..... 3,17m x 0,76m - photo collection privée
Cette même année, Monseigneur Loutil, plus connu sous le nom d’écrivain Pierre l’Ermite, lui confie la réalisation d’un retable pour l’église Saint-Odile à Paris (XVIIe arr.). Cette commande marquera un tournant décisif dans ses orientations artistiques et sa conception de l’émail. Il entreprend d’émailler sept panneaux de cuivre de 3,17 m de haut sur 0,76 m de large et d’un seul tenant. Un travail titanesque, qui nécessitera deux ans et demi de repoussage du cuivre et sept passages pour chaque panneau à plus de 1 000° en maîtrisant de manière exceptionnelle la chauffe pour obtenir le même rendu des couleurs. Pour la première fois au monde apparaissent des émaux sur cuivre repoussé de grandes dimensions et d’une seule pièce. Pour réaliser cette commande, Pierre l’Ermite met à sa disposition la crypte de l’église Sainte-Odile pour installer son atelier et l’auditorium pour loger sa famille, pour laquelle en cas d’échec, il prenait le risque de ne pas subvenir à ses besoins. Il devait y rester le temps du chantier, il y vivra quinze ans avec femme et enfants dans le clocher de l’église.
Le Jugement dernier (détail) - cuivre repoussé émaillé - photo Yvan Marcou
Pendant la guerre, Barriot se réfugie dans le Berry où il fera partie de nombreux réseaux de résistance en réalisant de faux documents à leur profit. Période riche sur le plan artistique, car il réalisera de nombreuses peintures, aquarelles et sanguines, tout en continuant à travailler le cuivre et le métal.
De retour à l’église Sainte-Odile après la guerre, il expose de manière permanente dans l’auditorium, attirant de nombreux visiteurs. Mais il refuse de passer par des galeristes compte tenu de la difficulté à accepter de se séparer de ses œuvres. Robert Barriot n’arrive pas à gagner sa vie malgré un certain nombre de commandes. Il luttera toute son existence contre la pauvreté.
En 1953, expulsé de l’église Sainte-Odile, il trouve refuge dans le Berry à Chezal-Benoit. Il y passera les vingt dernières années de sa vie, en produisant des œuvres remarquables, témoins de son incessante recherche sur l’émail. Sa vie se conclura dans une grande tristesse, désabusé par l’échec de deux de ses projets les plus ambitieux, faute de soutiens : un chemin de croix en émail polychrome de 42 m de long, destiné à la cathédrale de Bourges et une histoire du Berry, rédigée en incunable et illustrée de gravures à la pointe sèche. Sa dernière réalisation prend le visage du désespoir en la représentation d’une Apocalypse ou Jugement dernier, qui porte un regard déchiré sur une humanité dévastée.
De retour à l’église Sainte-Odile après la guerre, il expose de manière permanente dans l’auditorium, attirant de nombreux visiteurs. Mais il refuse de passer par des galeristes compte tenu de la difficulté à accepter de se séparer de ses œuvres. Robert Barriot n’arrive pas à gagner sa vie malgré un certain nombre de commandes. Il luttera toute son existence contre la pauvreté.
En 1953, expulsé de l’église Sainte-Odile, il trouve refuge dans le Berry à Chezal-Benoit. Il y passera les vingt dernières années de sa vie, en produisant des œuvres remarquables, témoins de son incessante recherche sur l’émail. Sa vie se conclura dans une grande tristesse, désabusé par l’échec de deux de ses projets les plus ambitieux, faute de soutiens : un chemin de croix en émail polychrome de 42 m de long, destiné à la cathédrale de Bourges et une histoire du Berry, rédigée en incunable et illustrée de gravures à la pointe sèche. Sa dernière réalisation prend le visage du désespoir en la représentation d’une Apocalypse ou Jugement dernier, qui porte un regard déchiré sur une humanité dévastée.
Visite guidée par Fédéric Barriot dans la Forteresse de Villeneuve-Loubet - photo Yvan Marcou
Refusant jusqu’à sa mort en 1970 de se séparer de son œuvre, Robert Barriot laisse à la postérité une des plus importantes collections d’émaux contemporains, accompagnés d’une production non moins importante d’œuvres dans le domaine aussi divers que le cuivre repoussé, la sculpture sur cuivre, la céramique, l’aquarelle, l’enluminure sur parchemin ou la gravure.
L’obstination de l’artiste revêt de nos jours un avantage inestimable, du fait que l’intégralité et la conservation de ce trésor, de plus de 200 pièces, sont entre les mains de ses enfants Frédéric et Catherine Barriot. Ainsi, toute galerie ou musée qui prendraient conscience de l’intérêt à présenter au grand public ces chefs-d’œuvre serait en mesure d’organiser très rapidement une exposition.
Dans ce contexte, le 30 mai 2013, une journée exceptionnelle a été organisée par les membres de l’Association Robert Barriot « Arts & Feux » pour aller à la rencontre de l’intégralité de cette collection.
C’est la Forteresse de Villeneuve-Loubet qui fût l’écrin de cette visite et qui permit à une vingtaine de privilégiés, spécialistes et journalistes du patrimoine, de découvrir ces merveilles. Soutenue et organisé par M. le marquis de Villeneuve-Loubet, Jacques de Panisse-Passis et Mme la marquise Marie Sophie de Robin de Barbentane, la visite était guidée et commentée par Frédéric et Catherine Barriot accompagnée d’intervenants de marque, comme Andreù Vilasis, émailleur, ancien directeur de l’École d’arts appliqués de Barcelone, directeur du musée de l’Émail contemporain de Salou (Tarragona), président du Comité national des émailleurs espagnols, membre de l’association internationale des critiques d’art (AICA), accompagné de Nùria Lopez Ribalta, spécialiste des techniques de l’émaillage et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.
Avec les œuvres présentées de manière harmonieuse dans le parc ou les pièces du château, la visite et les commentaires de la famille Barriot ont comblé les visiteurs, persuadés que cette initiative devrait être retenue par un musée, une galerie de renom ou une fondation pouvant ainsi réparer l’injustice que cet artiste a subie de son vivant. Il sera temps alors pour les critiques d’analyser son œuvre. Robert Barriot n’est plus là pour nous éclairer, la lumière de ses émaux nous aidera peut-être.
L’obstination de l’artiste revêt de nos jours un avantage inestimable, du fait que l’intégralité et la conservation de ce trésor, de plus de 200 pièces, sont entre les mains de ses enfants Frédéric et Catherine Barriot. Ainsi, toute galerie ou musée qui prendraient conscience de l’intérêt à présenter au grand public ces chefs-d’œuvre serait en mesure d’organiser très rapidement une exposition.
Dans ce contexte, le 30 mai 2013, une journée exceptionnelle a été organisée par les membres de l’Association Robert Barriot « Arts & Feux » pour aller à la rencontre de l’intégralité de cette collection.
C’est la Forteresse de Villeneuve-Loubet qui fût l’écrin de cette visite et qui permit à une vingtaine de privilégiés, spécialistes et journalistes du patrimoine, de découvrir ces merveilles. Soutenue et organisé par M. le marquis de Villeneuve-Loubet, Jacques de Panisse-Passis et Mme la marquise Marie Sophie de Robin de Barbentane, la visite était guidée et commentée par Frédéric et Catherine Barriot accompagnée d’intervenants de marque, comme Andreù Vilasis, émailleur, ancien directeur de l’École d’arts appliqués de Barcelone, directeur du musée de l’Émail contemporain de Salou (Tarragona), président du Comité national des émailleurs espagnols, membre de l’association internationale des critiques d’art (AICA), accompagné de Nùria Lopez Ribalta, spécialiste des techniques de l’émaillage et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.
Avec les œuvres présentées de manière harmonieuse dans le parc ou les pièces du château, la visite et les commentaires de la famille Barriot ont comblé les visiteurs, persuadés que cette initiative devrait être retenue par un musée, une galerie de renom ou une fondation pouvant ainsi réparer l’injustice que cet artiste a subie de son vivant. Il sera temps alors pour les critiques d’analyser son œuvre. Robert Barriot n’est plus là pour nous éclairer, la lumière de ses émaux nous aidera peut-être.
L’acrobate à la boule – cuivre repoussé – (2 x 1 m)
C’est la première rencontre de la visite qui est une représentation personnelle de l’œuvre de Picasso et qui faisait dire à Barriot dans un pied de nez, suivant ses propos retenus par son fils Frédéric « tenir en équilibre sur une boule devant une si jolie pépée, n’est pas possible. »
L'acrobate à la boule - cuivre repoussé - photo Yvan Marcou
Adam et Ève – cuivre repoussé – 1960 (1,98 x 0,69 m)
« En mettant l’un à côté de l’autre ces deux choses abstraites, je me suis aperçu que ça pouvait donner ici le buste d’une femme, et là un homme qui regardait à la hauteur du buste de cette femme. (…) Dans le repoussé que j’ai obtenu, j’ai donné cette espèce de courbe là de façon à ce qu’on ait une sensation de volume alors qu’il n’y a rien derrière. Dans cette grande partie perpendiculaire, j’ai pris ce buste de femme, que j’ai étiré. Je ne lui ai pas mis de pieds. Elle sort encore de terre, n’est-ce pas ? Adam la regarde ; il est en admiration devant elle ! »
Robert Barriot dans un entretien réalisé par la Nouvelle République en 1960
Robert Barriot dans un entretien réalisé par la Nouvelle République en 1960
Adam et Ève – cuivre repoussé – 1960 (1,98 x 0,69 m) - photo Yvan Marcou
La Fade – cuivre repoussé émaillé – 1956 (96 x 91 cm)
La Fade est une figure légendaire du Berry, une divinité féminine qui vit dans la forêt et que Barriot a représenté donnant naissance. Un émail d’un vert profond où tout n’est que courbes et rondeurs, une image première de la femme, de ses souffrances et de son mystère
La Fade – cuivre repoussé émaillé – 1956 (96 x 91 cm) - photo Yvan Marcou
Aluminium repoussé (1 m x 1 m)
En relevant le défi de repousser une plaque d’aluminium, Barriot a démontré que sa technique était sans faille, alors que cette matière est réputée indomptable compte tenu de sa faiblesse mécanique. C’est la seule œuvre au monde d’aluminium repoussé de cette dimension réalisée à ce jour
Christ aux Larrons – cuivre repoussé émaillé – (2,10 m x 0,85 m)
Si l’inspiration religieuse, présente dans la majorité des œuvres est indéniable, la liberté du trait, la hardiesse des volumes et l’expressivité des visages font que ses compositions liturgiques sont empreintes d’un anticonformisme singulier. On sera sans doute troublé par ce « Christ aux Larrons » dans lequel les corps presque enchevêtrés sont chargés d’une sensualité couleur miel.
Cette liberté dans le traitement des thèmes religieux ne tire jamais à l’irrévérencieux mais, au contraire confère aux figures évangéliques des qualités plus humaines, plus accessibles. On sent dans toute l’œuvre de Barriot une volonté d’humaniser le sacré et de sacraliser l’humain. Rue Blondel, se plaisait à raconter l’artiste, « j’ai décoré un bordel. Je l’ai fait avec d’autant d’intérêts qu’un chemin de croix. C’est un sujet tout aussi humain. »
La véritable trame de l’œuvre, c’est la condition humaine. Ce qui fait que cette œuvre nous touche au plus profond, c’est qu’elle reflète l’essentiel de notre nature, de nos questions et de nos errements. Robert Barriot a illustré « Les galériens », un poème de Constant Hubert, par une série de plaques non émaillées, en cuivre brut. Ces illustrations, comme les mots du poète, forment sans doute la quintessence de sa vision de monde et de la place de l’homme dans celui-ci.
Les yeux de personnages de Barriot sont toujours exorbités, fixes ou fuyants, ils sont les premiers à capter, à attirer irrésistiblement les nôtres. Hantés par la vrille vertigineuse de leurs réflexions vitrifiées, ils magnétisent inéluctablement notre propre regard, comme des questions sans réponses.
Il en est un surtout qui résume toutes les interrogations et les douleurs humaines. C’est « Œdipe » cuivre repoussé émaillé (0,70 m x 0,60 m) dont les yeux sont crevés et qui, la bouche tordue par l’indicible souffrance, semble articuler une plainte muette. Dans ses orbites vides, dans les milliers de sillons et de hachures longuement burinées, l’émail rouge de cuivre, lors des cuissons successives, a coulé en micro-fleuves de feu.
Cette liberté dans le traitement des thèmes religieux ne tire jamais à l’irrévérencieux mais, au contraire confère aux figures évangéliques des qualités plus humaines, plus accessibles. On sent dans toute l’œuvre de Barriot une volonté d’humaniser le sacré et de sacraliser l’humain. Rue Blondel, se plaisait à raconter l’artiste, « j’ai décoré un bordel. Je l’ai fait avec d’autant d’intérêts qu’un chemin de croix. C’est un sujet tout aussi humain. »
La véritable trame de l’œuvre, c’est la condition humaine. Ce qui fait que cette œuvre nous touche au plus profond, c’est qu’elle reflète l’essentiel de notre nature, de nos questions et de nos errements. Robert Barriot a illustré « Les galériens », un poème de Constant Hubert, par une série de plaques non émaillées, en cuivre brut. Ces illustrations, comme les mots du poète, forment sans doute la quintessence de sa vision de monde et de la place de l’homme dans celui-ci.
Les yeux de personnages de Barriot sont toujours exorbités, fixes ou fuyants, ils sont les premiers à capter, à attirer irrésistiblement les nôtres. Hantés par la vrille vertigineuse de leurs réflexions vitrifiées, ils magnétisent inéluctablement notre propre regard, comme des questions sans réponses.
Il en est un surtout qui résume toutes les interrogations et les douleurs humaines. C’est « Œdipe » cuivre repoussé émaillé (0,70 m x 0,60 m) dont les yeux sont crevés et qui, la bouche tordue par l’indicible souffrance, semble articuler une plainte muette. Dans ses orbites vides, dans les milliers de sillons et de hachures longuement burinées, l’émail rouge de cuivre, lors des cuissons successives, a coulé en micro-fleuves de feu.
Danse macabre – émail polychrome – 1944-1949 (0,94 m x 6,00 m)
Danse macabre – émail polychrome – 1944-1949 (0,94 m x 6,00 m) - photo Yvan Marcou
Pendant la guerre, Barriot va composer un autre chef-d’œuvre aux dimensions impressionnantes : une « Danse macabre » de 6 mètres de long sur près de 1 mètre de hauteur. Une fresque représentant les vertus et les vices humains dans laquelle des squelettes hilares entraînent les hommes dans une gigue diabolique. Les personnages tuants et torturants sous l’uniforme nazi entres autres. Cette représentation a failli entraîner de graves ennuis à l’artiste et elle aurait pu être détruite. En effet, après que la résistance locale du Berry ait causé de lourdes pertes à l’occupant, des perquisitions furent organisées par ce dernier. C’est dans ces circonstances qu’un officier allemand, arme au poing, s’est rendu cher Robert Barriot pour effectuer des fouilles et qu’il découvrit cette fresque non encore assemblée, avec en particulier le panneau représentant un soldat allemand. Amateur d’art et impressionné par la qualité de cette réalisation, l’officier allemand demanda à Barriot de dissimuler ce chef-d’œuvre et il repartit sans autre forme de procès…
Danse macabre – émail polychrome – 1944-1949 (0,94 m x 6,00 m) - détail - photo Yvan Marcou
Danse macabre – émail polychrome – 1944-1949 (0,94 m x 6,00 m) - détail - photo Yvan Marcou
Danse macabre – émail polychrome – 1944-1949 (0,94 m x 6,00 m) - détail - photo Yvan Marcou
Danse macabre – émail polychrome – 1944-1949 (0,94 m x 6,00 m) - détail - photo Yvan Marcou
Remerciements à l'association "Arts & Feux" Robert Barriot
Siège social: 2431, route de Cagnes - 4, résidence la Bergerie - 06140 Vence - France
Tél: (+33) 93 24 04 98 - contact@robertbarriot.com
www.robertbarriot.com
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